« L'homme n'est pas fait pour vivre là, pour supporter la nature à haute dose. Ce n'est pas un rocher mais une agglomération de rochers ». L'espace décrit par Flaubert, entre Audierne et Plogoff nous fait part d'un espace clairement inhospitalier pour l'homme qui rappelle étrangement Octavie, l'une des villes invisibles de Italo Calvino : « telle est la base de la ville : un filet (…) suspendu au-dessus de l'abîme (…). La vie des habitants d'Octavie est moins incertaine que dans d'autres villes. Ils savent que la résistance de leur filet à une limite ».

Là bas, l'homme s'est averti lui-même : le sang, la fin, la peine pour Ouessant, Sein et Molène. Le vide se présente juste derrière ce filet à travers lequel se dessine un récif assailli inlassablement par les vagues. Le vent sature le son. C'est à la fois une résistance physique et un plaisir mental de se sentir là, contre cette nature. Un face à face avec l'immensité, le vide. Puis, le combat cesse. C'est une accalmie. 

La ville est un terme générique pour désigner là où l'homme s'est établi. Elle est à la fois visible ou invisible, souterraine ou terrestre, reconnaissable ou pas, imaginaire ou non. Mais sous toutes ses formes, elle propose un même combat : prendre place, être là.

 

Nathalie BREVET_Hughes ROCHETTE (77) _ Vivent et travaillent à Lagny-sur-Marne